LA RATP ET LA LOGIQUE DU PIRE
Publié le 11 Août 2011
Oula, ça faisait un bon moment que je n’avais rien écrit ici ! Mais là, j’ai été gâté, alors hop, c’est reparti :)
C’est l’été, les vacances, et je profite de quelques jours d’oisiveté pour faire mon touriste… Paris est une ville culturellement très riche, et si le reste de l’année, je manque de temps, là j’enchaine les musées et les expos.
Hier, mercredi 10 août 2011, je me retrouve un peu avant 18h à la station Charles de Gaulle – Etoile, niveau RER A, avec l’intention de rentrer chez moi. Le prochain train desservant Chatou est annoncé à 18h03. En théorie.
18h, le train précédent, en direction de Cergy, quitte la station. On ne le sait pas encore, mais le prochain train en direction de la banlieue ouest passera… 50 minutes plus tard ! Chronologie des évènements de mon point de vue d’usager, sur le quai…
18h03, le train annoncé n’est toujours pas là. Les écrans d’information (SIEL) indiquent subitement « train retardé* », avec en guise de précision « le train XTRA stationne à Auber, nous vous tiendrons informer de sa remise en marche ». Probablement un système automatique, qui détecte lorsqu’un train reste trop longtemps à quai.
Conséquence logique, petit à petit les convois qui le suivent se muent eux aussi en « train retardé »
18h11, le fameux train XTRA dispose à nouveau d’un horaire de passage à Etoile. Il est annoncé pour 18h14. Fin d’un problème supposé, on n’a eu pour le moment aucune indication sur ce qu’il se passait. Mais ça se gâte par la suite.
18h14, toujours pas de train, mais il est annoncé finalement pour 18h17.
Et finalement… le train est annoncé comme « supprimé » (très furtivement, il ne faudrait pas que les usagers s’en rendent compte, hein), et une ligne supplémentaire sur l’écran indique désormais un « train sans arrêt » à destination du dépôt. Personne n’est dupe, l’on sait pertinemment qu’il s’agit du train en question, et qui est manifestement dans l’impossibilité de terminer sa mission. Pendant ce temps, les rames qui le suivent sont toujours retardées.
18h19, première annonce sonore, pour nous signaler un incident au matériel roulant. Oui, il aura fallut à la RATP 16 minutes pour réagir, et commencer à informer les voyageurs. 16 minutes ! C’est une éternité, sur une ligne aussi chargée !
Les minutes s’égrènent, les annonces se multiplient, mais on n’a toujours pas vu passer le moindre train. Les infrastructures sont ainsi faites, tant que le train impacté n’a pas été conduit au dépôt, aucun des trains suivants ne pourront circuler.
Pendant ce temps, le trafic est tout à fait normal en direction de l’est, c’est logique puisque le problème incrimine une rame en direction de l’ouest. Mais…
18h39 (oui oui, 20 minutes plus tard, on a toujours pas vu passer un seul train), si vous êtes des habitués du RER A, vous devez déjà avoir une petite idée de ce qu’il va se passer, et qui motive le titre de ce billet…
Non ?
18h39 donc, c’est vraiment la pire solution que nous offre la RATP : elle décide de rendre terminus un train en direction de l’est à Etoile, débarquant ainsi tous les passagers sur le quai, afin que ce train effectue une manœuvre de retournement et reparte vers l’ouest.
Vous ne rêvez pas : près de 40 minutes après le début de l’incident, cette décision étend les perturbations à l’ensemble de la ligne, puisque le trafic et les conditions de transport des usagers vers l’est s’en trouvent être elles aussi considérablement dégradées !
En effet, le temps que les passagers sortent de la rame et qu’elle reparte à vitesse réduite, il est déjà 18h43, et les autres trains en direction de l’est se trouvent à leur tour coincés, à la queue leu-leu à l’approche d’Etoile.
Nous, sur l’autre quai, et bien on attend toujours de voir passer notre « train sans arrêt ». Mais en fin de compte, on ne le verra jamais, pourtant toujours annoncé sur les écrans.
18h49, la rame qui a fait demi-tour se présente sur notre quai. Par chance, elle est en direction de St Germain, et de fait, elle est donc vide, ce qui me permet d’obtenir une place assise. Mais ça ne sera pas le cas de tout le monde.
18h53, on quitte enfin Charles de Gaulle – Etoile, finalement j’arriverai à Chatou à 19h11.
Voilà où se termine cette chronologie édifiante et pitoyable… Je ne suis pas en mesure de savoir comment a été traitée la suite et la fin de l’incident, aucune trace dans les medias aujourd’hui…
Je ne suis pas à la RATP, je ne connais pas tous les détails qui ont conduits à tout ça, mais manifestement, le problème a été géré de manière très maladroite (annonce tardive, solution qui n’en est pas une,…).
De mon point de vue, ça me semble par exemple bien plus pertinent de réaliser au plus vite des départs vers l’ouest depuis la Défense, en rendant certains trains (un sur deux, ou un sur trois) en direction de l’est terminus dès Nanterre-Préfecture. En effet, avec 2 quais et 4 voies à La Défense, cela semble plus simple à mettre en œuvre, plutôt qu’effectuer un retournement sur le tronçon central.
Ainsi, on offre au moins une solution pour les voyageurs en direction de l’ouest, tout en maintenant également des rames en direction de l’est. Reste pour les voyageurs bloqués (comme moi), à rejoindre La Défense, ce qui semble, même si ce n’est pas idéal, possible par le métro, ou le transilien.
Car j’ose imaginer, conséquence logique de tout ça, qu’il y a eu par la suite une pénurie de trains à l’ouest, affectant encore d’avantage les voyageurs en direction de l’est.
Conclusion : même pendant les vacances, le RER A continue de pourrir la vie des usagers !